La perte d’un ongle n’a pas qu’une incidence esthétique. Elle affecte la sensibilité et la préhension. Méconnue, la greffe microchirurgicale, réservée à certains patients, est une thérapie efficace.
C’est autour d’un thème plutôt confidentiel qu’ont débattu de très nombreux spécialistes, réunis la semaine dernière à la clinique Saint-François de Nice : les maladies et les traumatismes de l’ongle.
Mais si le sujet est rarement abordé, il n’en demeure pas moins majeur : » L’ongle est la première victime des accidents de la vie quotidienne : sport, bricolage, portière de voiture, chantiers BTP…, souligne le Dr Nicolas Dréant, qui organisait cette réunion. On dénombre environ 500 000 accidents des mains en France chaque année qui nécessitent souvent une intervention chirurgicale. «
Intervention ? Pour quoi faire ? On aurait imaginé que la perte d’un ongle est sans conséquence, sinon esthétique. Fatale erreur ! « L’ongle est le contraire d’un organe postiche. Il réunit de multiples fonctions ; il est notamment indispensable à la préhension de petits objets et à la sensibilité pulpaire tactile. En l’absence d’ongle, qui joue le rôle capital de plan de contre-pression, la pulpe roule sur l’os, le doigt perd sa fonction de sensibilité. Le simple boutonnage d’un vêtement s’avère difficile ; on parle de « doigt aveugle »», relate le Pr Robert Baran, dermatologue au Centre de diagnostic et traitement des maladies des ongles à Cannes.
La microchirurgie pour les travailleurs manuels
La greffe microchirurgicale de l’appareil inguinal est la technique de référence pour reconstruire un ongle suite à un traumatisme ou à un problème dermatologique majeur. Mais cette thérapie, très lourde et complexe, est réservée à des cas précis : » On la propose seulement à des patients qui ont définitivement perdu l’ongle du pouce d’une main, souvent de jeunes travailleurs, pour lesquels cette perte représente un vrai handicap « , insiste le Dr Nicolas Dréant, chirurgien orthopédiste. Le greffon est prélevé » sur mesure » chez le patient lui-même (autogreffe), au niveau du gros orteil. » Avec l’ongle, on récupère aussi tout ce qui le fait vivre : les artères, les veines, le nerf qui sensibilise l’ongle. L’objectif étant de restituer un ongle fonctionnel, vivant et sensible « .
Pas moins de cinq heures d’intervention (sous anesthésie locale) sont nécessaires pour réaliser cet » exploit » technique. On comprend pourquoi » jamais cette chirurgie, très lourde, ne sera pratiquée à visée cosmétique « . Message reçu.
Les maladies qui modifient l’aspect des ongles
» Toutes les maladies générales sont susceptibles de modifier l’aspect de l’ongle de façon dysharmonieuse, explique le Pr R. Baran. L’eczéma, le psoriasis et les mycoses induisent un épaississement localisé de l’ongle. Certaines affections (lichens), agissant comme des virus, peuvent affecter tous les ongles en les déformant. Une hygiène déficiente et l’habitude de se ronger les ongles exposent à un risque infectieux. Le diabète, la malnutrition, les insuffisances rénales, les maladies endocriniennes, le stress, engendrent aussi des troubles caractérisés par l’atteinte de tous les ongles, des plages blanches et des stries transversales. Dans les cas bénins, des soins adaptés suffisent. »
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